
DOMESTICATION : L’ORIGINE DES PANDÉMIES
Depuis près de 20 ans, les Nations Unies mettent en garde contre les deux principales menaces pour l’humanité : le changement climatique et les infections.Depuis lors, nous avons eu le SRAS, l’Ébola, la vache folle, la grippe aviaire… et aujourd’hui le Corona. Mais d’où viennent ces virus mortels ?
Il y a 10 000 ans, la rougeole, la variole, la typhoïde, la coqueluche, la grippe et même le rhume n’existaient pas chez l’humain·e… jusqu’à la domestication des autres animaux. Cette nouvelle proximité avec les autres animaux a permis le transfert des maladies dont iels étaient porteurs à l’humain·e (zoonose) [1,2] : la rougeole transmise par la vache et le mouton, la variole par le chameau, la typhoïde par le poulet, la coqueluche par le cochon, la grippe par le canard et le rhume par le cheval. Elles ont provoqué au fil du temps des centaines de millions de morts. Et maintenant, le Covid19 qui sort tout droit des élevages de visons [3,4]…
NOTRE RELATION À LA NATURE ET AUX AUTRES ANIMAUX
…D’abord la déforestation. Elle est due au développement de mégapoles, aux élevages tels que la « beef industry » et à la chasse intensive des animaux libres. En plus, l’atteinte à l’environnement, la déforestation a profondément perturbé le biotope et la vie des animaux et a créé une nouvelle promiscuité qui a permis la transmission de leurs maladies à l’humain·e.
Dans un élevage industriel intensif de poulets par exemple [5,6], on peut en effet trouver plus d’un million de poulets sous un même toit, les uns sur les autres. Il suffit qu’un seul de ces poulets ait été contaminé par un virus inoffensif de canard sauvage, pour que non seulement toute la population de poulets de l’élevage soit infectée, mais surtout que la promiscuité permette au virus de faire des milliards de mutations pour devenir contagieux et mortel pour l’humain·e et créer une pandémie ! En 2004, le rapport conjoint de WHO/FAO/OIE [7] concluait que le risque principal de zoonose était lié à la forte production de nourriture animale et à l’élevage industriel intensif. Ce type d’élevage est le pire traitement que l’on puisse infliger à un animal. À tel point qu’il exige de bourrer les autres animaux d’antibiotiques pour qu’ils puissent survivre aux conditions extrêmes auxquelles ils sont soumis.
Et puis il y a les « choix » culinaires. Par exemple, la consommation de primates, porteurs de virus facilement transmissibles à l’humain·e a favorisé l’Ébola et le SIDA. Ou encore les graines de café digérées par la civette et récupérées dans ses fèces pour faire un café « spécial », responsable du SRAS qui a conduit à une infection fatale à Hong Kong et dans le monde.
QUE NOUS RÉSERVE L’AVENIR ?
Tant que nous n’aurons pas changé notre rapport à la nature et aux autres animaux et abolit l’élevage, toutes les conditions favorisant l’éclatement de nouvelles pandémies seront toujours présentes. On pourrait presque dire qu’on a de la chance avec le Coronavirus, dont la mortalité n’est que de 0.5 à 2%. Que se passera-t-il (très prochainement) quand nous aurons une pandémie de H1N1, devenu contagieux par mutation, qui tuera une personne infectée sur deux ? Les plus hautes autorités au niveau mondial doivent tirer les leçons de ce qu’il faut considérer comme un avertissement et légiférer pour l’abolition immédiate de l’élevage et de la chasse et renforcer notre respect de la nature et des autres animaux qui peuplent la planète.Cela étant, il y a un moyen plus efficace et plus rapide pour diminuer le risque de nouvelles pandémies et rétablir la Justice : se battre nous-mêmes pour l’abolition TOTALE de l’élevage. Pour la survie de notre maison la Terre, de nos sœurs & frères confiné·es à vie et à mort dans les camps de persécution, et la nôtre, notre légitime défense…—
Texte de Jean-Philippe Toledo, président de Pharmacie Principale, inspiré par le Dr Michael Greger, Directeur santé publique, Washington DC, USA.Texte légèrement modifié, traduit de l’androlecte par Alizée DENIS (version originale : https://m.pharmacie-principale.ch/…/mais-dou-viennent…)
[1] The Human/Animal Interface: Emergence and Resurgence of Zoonotic Infectious Diseases : https://www.tandfonline.com/…/10.1080/10408410701647594 [2] L’industrie agricole a créé un nid douillet pour les pathogènes : https://www.lemonde.fr/…/grippe-aviaire-l-industrie… [3] Les élevages de visons à l’origine du Covid19 : https://youtu.be/egYFkDN1ddI [4] Les élevages de visons, la source du Covid en Europe : https://reporterre.net/EXCLUSIF-Les-elevages-de-visons… [5] Germes tueurs, le fléau de l’élevage intensif : https://youtu.be/rGIAETOF8xg [6] Enquête sur les risques de pandémies générés par l’élevage industriel : https://reporterre.net/Enquete-sur-les-dangers-sanitaires… [7] Consultation des maladies zoonotiques émergentes (WHO/FAO/OIE) : https://apps.who.int/…/68899/WHO_CDS_CPE_ZFK_2004.9.pdfL’ÉLEVAGE EST LA PLUS GRANDE MENACE POUR LA SANTÉ PUBLIQUE
« Avec le développement des biotechnologies et la privatisation des stations d’élevage gouvernementales, une nouvelle industrie est née. Désormais, on ne parle plus d’ »élevage« , mais de « livestock genetics » ou d’industrie du bétail et de la génétique. Après le maïs hybride, le groupe semencier états-unien Pioneer a développé le poulet hybride. Ce dernier s’est rapidement implanté sur les marchés mondiaux, au détriment de l’ »élevage traditionnel« . La concentration dans l’élevage de volailles, pourtant déjà forte, s’est encore accentuée. Entre 1989 et 2006, le nombre de fournisseurs de matériel génétique pour l’élevage de poulets s’est réduit de 11 à 4 entreprises et de 10 à 3 pour celui des poules pondeuses. Le marché mondial de matériel génétique pour l’élevage de dindes n’est plus couvert que par 3 entreprises, alors que seules deux firmes vendent des canetons d’un jour pour l’engraissement ou la ponte qui, comme pour les volailles, parcourent le globe, enfermé·es dans des cartons.Les lignées industrielles de bovins, de cochons et de volailles sont sélectionnées pour l’élevage intensif. Sans aliments concentrés ou médicaments, les performances en termes d’engraissement, de production laitière ou d’œufs ne peuvent être atteintes. La sélection pour une haute performance aboutit à un élevage martyre, dans la mesure où les animaux se blessent, faute de mouvement, où la croissance osseuse ne peut pas suivre le développement musculaire et où les mamelles sont constamment enflammées. Une majorité de volailles et de cochons meure avant leur assassinat. Les vaches doivent déjà être « remplacées » après 2 ou 3 accouchements. L’industrialisation et la mondialisation de la « production animale » a considérablement augmenté le risque de maladies animales infectieuses. La lutte contre les épizooties représente environ 17% du chiffre d’affaires de l’industrie de l’élevage, entre 35 et 50% dans les pays en développement. La Banque mondiale estime les coûts de la grippe aviaire à 1250 milliards de dollars, soit 3,1% du produit national brut mondial. L’épidémie de SARS (Severe Acute Respiratory Syndrome) en Chine, à Hongkong, à Singapour et au Canada en 2002 et 2003, a coûté entre 30 et 50 milliards de dollars. Par peur des infections, les élevages industriels sont devenus des dispositifs de haute sécurité. La « biosécurité » n’est pourtant ni bio ni sûre. En Allemagne, un tiers des antibiotiques vendus sont utilisés pour l’élevage ; en Chine, plus de la moitié. Aux Etats-Unis, où les antibiotiques sont autorisés pour stimuler la croissance, 8 fois plus d’antibiotiques sont utilisés dans la « production animale » que dans les hôpitaux. Les conséquences sont la recrudescence de bactéries résistantes, avec leur lot d’infections qui ne répondent plus aux antibiotiques. L’Organisation Mondiale de la Santé parle d’une des plus grandes menaces pour la santé publique. »Texte de Susanne Gura (légèrement modifié), Vers un développement Solidaire 216 numéro spécial : Agropoly – Ces quelques multinationales qui contrôlent notre alimentation (juin 2011) : https://www.publiceye.ch/…/2014_PublicEye_Agropoly…· Consommation d’antibiotiques et apparition d’antibiorésistance : https://www.ecdc.europa.eu/…/antimicrobial-resistance…· L’essor des super bactéries : https://www.grain.org/…/6243-l-essor-des-super…· Le problème public de l’antibiorésistance en élevage : https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.10404· L’élevage consomme plus d’antibiotiques que les êtres humains : https://www.ciwf.fr/…/antibiotiques-lelevage-industriel…




