La stratégie transgenriste est une menace existentielle aux droits des femmes

Une avocate américaine démonte la stratégie transgenriste, une menace existentielle aux droits des femmes

Recension par EnOcéanie de l’article «Women’s Spaces, Women’s Rights : Feminism and the Transgender Rights Movement» par Me Christen Price, Marquette Law Review

Me Christen Price, avocate spécialisée dans la défense des droits humains, se penche sur un phénomène qui n’a de cesse de surgir au cours des travaux qu’elle mène dans la lutte contre l’exploitation sexuelle. Dans un article étoffé et clairvoyant qui suscitera certainement des réactions, elle retrace l’histoire du mouvement transgenriste et en expose les tenants et aboutissants pour les droits des femmes et les lois qui devraient les protéger.

Elle dévoile les mécanismes de consolidation du pouvoir masculiniste à l’œuvre au cœur du mouvement transgenriste sous la guise de valeurs d’inclusion et de diversité apparemment bénignes, et la menace existentielle qu’en représentent pour les droits des femmes les revendications de droits humains basés sur l’identité de genre. Nous faisons part ici des grandes lignes de cet exposé magistral, avec l’aimable autorisation de l’autrice.

Me Price commence par retracer les grandes étapes de l’apparition du phénomène de l’identité de genre avant d’expliquer les réactions issues des rangs féministes, et certaines de leurs erreurs de parcours. Ensuite, elle énonce et explique les objectifs recherchés par les transactivistes : la redéfinition du concept de discrimination fondée sur le sexe ; la protection de comportements non reliés à la dysphorie du genre ; la déconstruction des espaces exclusifs aux femmes ; le fait de rendre obligatoire l’identification identitaire.

Le tour de force de Me Price est qu’elle parvient à faire la lumière sur la cohérence interne, violemment misogyne, du mouvement transgenriste et sur les conséquences tragiques de ces revendications pour les droits humains des femmes.

Des violeurs qui colonisent les prisons des femmes aux bloggers qui en appellent à tuer celles qui refusent de les appeler des femmes, le message de ces hommes est clair: nous allons non seulement maintenir votre oppression mais aussi la rendre invisible.

La première conséquence est spatiale: elle procède par l’invalidation des espaces exclusifs menant à une invasion des espaces dédiés aux femmes (incluant les refuges, prisons, toilettes, salles des douches, vestiaires et dortoirs) ainsi que l’appropriation du corps même des femmes et finalement, la délimitation de leur espace vital.

La seconde conséquence est politique et juridique: c’est la cooptation des priorités des défenderesses des droits humains des femmes, menant à la négation des politiques qui reconnaissent que le poids de la discrimination fondée sur le sexe et le genre est porté par les femmes –  politiques qui cherchent à contrer les formes particulières de discrimination anti-femmes.

La troisième conséquence est le durcissement de l’oppression vécue par les femmes et un recul tragique de leurs droits humains, qui mènera à l’occultation de leur existence même. Les femmes disparaissent. Elles sont muselées si efficacement que toute discussion des transgressions et des abus de leurs droits humains devient impossible. Cette censure procède initialement par la modification des règles de grammaire et du langage et par la chape de plomb qui s’abat sur les dénonciateurs et dénonciatrices de ce tour de passe-passe. Puis l’étau se resserre parce que sans langue commune et dans un contexte truffé de double discours, il devient impossible de décrire le vécu des cibles de transgressions et de violations. Par conséquent, il devient impossible de mettre en application la règle du droit pour défendre les victimes d’abus. Il ne reste que l’exercice du pouvoir, maintenant libéré des contraintes de la règle de droit, pouvoir que tout magistrat, agent ou commission des droits de la personne peut se permettre de définir à sa guise, ce qui est en train de se produire partout sur la planète.

«Briser les limites des femmes est fondamental au maintien de la domination masculine – Andrea Dworkin

À l’instar de Dworkin, qui soutenait que, «si la ségrégation est la pierre angulaire du racisme, l’imbrication forcée des hommes et des femmes est le fondement de la domination masculine, Me Price soutient que les revendications du mouvement transgenriste pour un libre accès aux espaces réservés aux femmes est un appel à la transgression des limites réclamées par les femmes quand ces limites déplaisent aux hommes. Elle démontre que les revendications transgenristes en matière de politiques et de lois contre la discrimination fondée sur le genre constituent «une nouvelle forme d’imbrication forcée qui élève les identités masculines, leurs priorités et leurs désirs, et mine les droits des femmes», mettant en péril le projet d’égalité entre hommes et femmes.

Afin de poursuivre son argument et à cause du succès des révisions langagières transactivistes, Me Price définit ce qu’elle entend par mâle (‘un individu du sexe qui est typiquement capable de produire de petites gamètes, généralement mobiles (telles que le spermatozoïde) qui fertilisent les ovules de la femelle’), femelle (‘un individu du sexe qui est typiquement capable de porter des enfants ou de produire des ovules’), sexe (‘n’importe laquelle des deux divisions, nommées mâle et femelle, selon lesquelles les organismes sont classés sur la base de leurs organes reproductifs et leurs fonctions’), homme (‘personne adulte de sexe mâle’) et femme (‘personne adulte de sexe femelle’).

Ayant défini le sexe en termes biologiques, elle fait la lumière sur la distinction entre sexe et genre, et soutient que la fonction du genre est de maintenir les femmes dans un état subordonné aux hommes, une fonction qu’on retrouve à travers les cultures et le temps. On y trouve toujours la fameuse valeur différentielle de Françoise Héritier, reprise par Rebecca Reilly-Cooper: «les femelles sont censées jouer le genre pour démontrer leur infériorité; les mâles jouent le genre de façon à démontrer leur supériorité et leur domination. Ce système d’oppression vise à naturaliser la vulnérabilité et la dépendance des femelles envers les mâles et à en faire des états inévitables». Le transgenrisme est alors «la panoplie des présentations de sexe opposé ou d’identité opposée, et l’idéologie qui les sous-tend».

Me Price se penche sur les hommes adultes qui se disent transgenres, parce que ceux-ci constituent la majorité des individus transgenres adultes et sont le noyau dur des auteurs des revendications transgenristes. Ils sont généralement hétérosexuels, ont des professions dominées par les hommes ainsi que des affects masculinistes, et un grand nombre d’entre eux sont des travestis fétichistes. Par comparaison, les femmes transgenres ne sont généralement pas hétérosexuelles, ne se conforment pas aux codes de la féminité et ne trouvent aucun plaisir à se travestir. Elles attendent autre chose du transgenrisme que les hommes. Pour leur part, les enfants, toujours plus nombreux à se déclarer transgenres, voient généralement leur confusion identitaire se résorber à la fin de l’adolescence et présentent des enjeux spécifiques et complexes.

Des hommes travestis en femmes mettent en œuvre le droit que se donnent les hommes de définir et contrôler ce qu’est la féminité.

Ces hommes ont une longue histoire de l’expérience du travestissement, qui ne s’est que récemment transformée en mouvement d’identité du genre sous l’impulsion d’un travesti londonien marié deux fois, Virginia Prince, qui a su lancer la transformation d’un passe-temps des homosexuels nantis en une véritable industrie fondée sur des impératifs humanitaires. Ces revendications humanitaires constituent un problème très épineux pour les féministes puisque la défense des droits des femmes se fonde sur la reconnaissance de l’égalité des sexes et que la misogynie se trouvant au cœur des revendications transgenristes reste si bien occultée. Les féministes ont adopté deux approches principales face aux revendications transgenristes: l’acceptation chez les féministes dites libérales et le refus chez les féministes radicales. Me Price démontre que le féminisme libéral est tombé dans un piège, tandis qu’une approche qui prend en compte la subordination des femmes et les violences qui leur sont faites à cause de leur sexe permet de capter le véritable impact du focus sur le genre placé au centre des politiques et des modifications législatives revendiquées par les transactivistes. Pour ceux-ci et pour l’approche queer, soutenue par les féministes libérales, le genre est un accessoire théâtral: on le joue et l’utilise pour s’exprimer et s’actualiser. Pour les féministes radicales, le genre est le mode d’expression du système d’inégalité structurelle entre les hommes et les femmes, donc du système qui opprime les femmes. Célébrer le genre, ou le mettre en scène par divertissement, ne peut donc pas être une voie de libération pour les femmes, bien au contraire. «On sait ce qui est à l’œuvre quand un blanc se grime en blackface; la même chose est à l’œuvre quand des hommes se travestissent…. Tous les deux instaurent une mascarade où les dominants ou les nantis se déguisent en dominés ou en pauvres…. tous deux sont profondément réactionnaires et ils affirment tous deux que ceux qu’on imite ont besoin qu’on les contrôle…»

Que veulent les transgenristes?

Quatre revendications transgenristes juridiques et politiques affectent particulièrement les droits humains des femmes. Les transgenristes nous demandent de redéfinir la discrimination fondée sur le sexe en y substituant le genre; de protéger contre la discrimination tout comportement non relié à la dysphorie du genre, tel le travestissement; d’empêcher que des espaces exclusifs soient accordés sur la base du sexe; et finalement, de contraindre la validation de l’identité du genre par le biais des changements langagiers et de l’usage des pronoms. Me Price décrit plusieurs cas où les autorités ont déjà entériné ces changements, confortant la légitimité des exigences transgenristes pour une validation externe de leurs identités et de leurs droits d’occuper et de coloniser les espaces préalablement exclusifs aux femmes tels que les refuges, les prisons, leurs toilettes et vestiaires, etc.

Ces quatre revendications transactivistes ont des conséquences sérieuses sur l’espace occupé par les femmes, sur les priorités des défenderesses des droits des femmes, et sur la capacité de nommer les transgressions des droits humains des femmes. L’invasion des transgenres dans les espaces exclusifs aux femmes constitue une violation de leurs limites personnelles et une déclaration que «ces limites fondées sur le sexe n’ont aucune importance (ou moins d’importance que le désir des hommes de les transgresser)». Cette transgression des limites des femmes affectera dramatiquement «les personnes les plus vulnérables – telles que les femmes emprisonnées, sans-abri, et les fillettes». Ces revendications pour le contrôle des espaces féminins ont pris une telle ampleur que, comme l’exprime Catherine MacKinnon à la suite du mouvement #MoiAussi, «maintenant, non seulement si tu dis quelque chose, tu vas ruiner la vie du transgenre, mais si tu dis quoi que ce soit, tu attaques avec violence son existence même».

Sous un discours fleur bleue, le mouvement déploie des stratégies masculinistes, dominant, muselant et humiliant les femmes.

De nombreux exemples révèlent la violence et le profond mépris de plusieurs transactivistes envers les femmes au sein même d’organismes prônant la protection des droits des femmes. Leur pouvoir de rediriger les priorités de la lutte féminine vers la protection de leurs propres droits, d’évoluer déguisés en femmes par exemple, pousse à la marge les causes qui préoccupent les femmes et servent à occulter les formes particulières de violence perpétrée contre les femmes parce qu’elles sont des femmes. En un mot, le mouvement transgenriste sert à occulter le rôle des hommes dans la subordination des femmes. Me Price, une spécialiste de la question de la prostitution et de l’exploitation sexuelle, note que les revendications transgenristes sont en contradiction avec les positions de l’Union Européenne et des conventions des Nations Unies: par exemple, les mouvements transgenristes soutiennent tous la prostitution, le recours à des mères porteuses et un ‘droit à la famille’, de telle sorte que «l’absence de priorités communes devrait à elle seule démontrer que ces mouvements ont des objectifs très différents de ceux des femmes, et que le travail de défense des droits des femmes à l’intégrité de leurs corps ne devrait pas avoir à s’accommoder d’un groupe largement constitué de personnes qui menacent leur intégrité physique». Face à l’ineptie et au silence des organismes chargés de la défense des droits humains des femmes, Me Price suggère qu’un mouvement spécifique est nécessaire, fondé sur la question posée par Catherine MacKinnon: «Are women human?»

Conséquences des revendications

Les défenseurs des droits à l’identité de genre s’approprient le féminisme pour solidifier les intérêts masculins.

Les révisions langagières sont d’une efficacité redoutable pour dissimuler la responsabilité des hommes pour les violences commises contre les femmes parce qu’elles sont femmes. Les conséquences en sont aussi absurdes que tragiques, puisqu’il existe maintenant de nombreux exemples de médias dépeignant les violences perpétrées par des hommes transgenres en inversant les rôles de victime et d’agresseur et en censurant le récit des véritables victimes. Ces révisions langagières servent à corrompre le récit des faits, vider les mots de sens et par le fait même, empêcher toute discussion puisqu’il n’existe plus de mots dont la signification soit partagée. «Le succès des mouvements de défense des droits dépend d’une grammaire commune afin de décrire les vérités universelles, incluant les vérités morales, et afin de limiter l’exercice du pouvoir et d’en prévenir les abus. La protection des droits humains nécessite que les mots veuillent dire une chose, et pas une autre… Que se passera-t-il dans une société où les mots peuvent vouloir dire n’importe quoi, où le génocide en vient à être qualifié d’‘hygiène raciale’ ou de ‘mesures de sécurité’? Où étrangler veut dire ‘aimer’, où ‘non’ veut dire ‘oui’? (Si ‘sexe’ devient un mot fluide, instable, défini individuellement comme bon nous semble, comment miser sur la notion de consentement?)»

Il ne peut y avoir de vérité quand on impose le mensonge et le double discours, ce qui s’est maintenant imposé dans plusieurs territoires dont les lois punissent ceux qui refusent de nier la réalité physique d’un individu mâle, qui insistent pour dire que cette personne demeure un homme et non une femme.

Le mouvement transgenriste veut nous faire croire que la promotion des droits des femmes est sexiste et misogyne. Dans un contexte de domination masculine qui déploie une panoplie de violences sexistes, la défense des droits des femmes n’est que la défense des droits humains. En tentant de redéfinir le langage de la violence et des abus de pouvoir comme étant tout acte qui désigne le masculin, le mouvement transgenriste banalise les violences vécues par les femmes parce qu’elles sont femmes et dissimule les auteurs de ces violences.

«Toute cette instabilité et ce double langage ont créé un problème pour la règle de droit. Sans un principe de limites, l’exercice du pouvoir est absolu. La règle de droit signifie qu’il existe des limites à l’exercice du pouvoir, et que le droit en limite les abus. Sans un principe de limites, il n’y a pas de règle de droit – il n’y a que l’exercice du pouvoir. Les magistrats, organismes et commissions des droits de la personne redéfiniront le droit à la petite semaine, comme ils le font présentement. Les droits humains ne sont protégés que quand les textes veulent dire quelque chose. On ne contraint l’exercice du pouvoir que parce que les mots veulent dire quelque chose, et ceux qui exercent le pouvoir doivent le faire à l’intérieur des limites tracées par la signification des mots.

La défense des droits humains a toujours procédé des récits véridiques des violations de ces droits, avec une grammaire morale publique et partagée pour dire les agressions, pour changer les lois (adoptées et mises en application) et stopper les abus de pouvoir. Si la grammaire devient privée, le mensonge, obligatoire, et si les textes n’imposent pas de limites à l’exercice du pouvoir, nous ne pourrons poursuivre ni la défense des droits humains, ni celle des droits des femmes.»

Me Christen Price au https://scholarship.law.marquette.edu/mulr/vol103/iss4/7 Elle a rédigé cet article à titre personnel et est aujourd’hui avocate conseil au National Centre on Sexual Exploitation Law Center.

Via:https://tradfem.wordpress.com/2020/11/27/une-avocate-americaine-demonte-la-strategie-transgenriste-une-menace-existentielle-aux-droits-des-femmes/?fbclid=IwAR3zxh776s5k5PSCJC7cdUl25IoGRDCPOQN7kFrXHHSzvZsbSO5i2PdpO-E