
A celui s’il existe qui ose faire l’amour, qui ne confondra pas la danse de tous les sens à un sport d’endurance .Qui ose faire l’amour et dont le corps en transe ne s’absentera pas en baise de performance.
A celui s’il existe qui poursuivra l’amour, qui n’aura pas scindé l’affect du corps vivant.
A celui s’il existe qui n’imitera pas le glabre pornographique, qui n’imitera pas cette imagerie sexiste ni ne l’exigera.
A celui s’il existe qui jouira avec moi parce qu’on aura confiance et dont cette jouissance élargira encore la confiance déjà là.
A celui s’il existe qui ne s’effraiera pas de désirs soudains, de tempête de corps, des fréquences des vagues ni des désirs vacants, des calmes aléatoires.
A celui s’il existe qui osera l’attention, au point d’être attentif et à moi et à lui, qui osera offrir son être qui lâche prise et saura savourer le mien qui s’abandonne.
A celui s’il existe qui osera l’inconnu chaque fois renouvelé d’un ballet rugissant ou bien l’embrasement de tendresses subtiles.
A celui s’il existe qui sait qu’il faut survivre sur le radeau fragile d’une mer de violences. Sur le radeau fragile d’un océan de viols où l’acte de faire l’amour subsiste en sursit tant la violence d’hommes érige le corps des femmes en un champ de bataille à leur suprématie.
A celui s’il existe qui n’aura pas appris le code pornographique à hanter ses rêveries,Qui aura refusé la colonisation de son imaginaire par l’effroi du porno.
A celui s’il existe dont l’absence de critères pourra faire exploser la saveur des goûts.
A celui s’il existe qui saura me donner les gestes de mes contours.
A celle si elle existe dont je ne connais pas le corps familier.
A celui s’il existe dont j’ai soif souvent, qui n’aura pas peur des animaux que donc nous sommes sans croire que prédation en est la Loi débile.
A celui s’il existe qui n’a pas le désir fixe et laisse improviser le mouvement anarchique, cette saveur mobile, et à l’aléatoire le diamant du plaisir.A celui s’il existe qui sait réceptionner le « Je t’aime » de l’instant, vérité du moment, moment qui bel existe de toute éternité.
A celui qui saura goûter toute la puissance des réciprocités.
A celui qui saura s’extraire d’une culpabilité qui rend l’autre poubelle d’un plaisir jugé.
A celui qui osera le contact des peaux, ne figera pas dans sa tête un fantasme porno, laissant mon corps à moi devenir un support, laissant mon coeur mort souffrant de disparaître.
A celui s’il existe qui ne maniera pas les mots pour obtenir, mais désintéressé oubliera de flatter, et n’instrumentalisera pas sa générosité.
A celui s’il existe, combien se sera bien de vivre avant mourir ces îlots de tendresse , ces instants de plaisir, la danse des caresses…
A celui qui existe j’aimerais bien souvent aimer avec des gestes et me passer de toi, savoir que tu es là à savoir que je t’aime.
A celui s’il existe qui n’a pas peur soudain, que l’attachement est un lien sans les chaines. Qu’il n’y a qu’une liberté c’est de pouvoir aimer. Que cette capacité au tendre et aux baisers est la seule chose au monde qui s’appelle liberté.
A celui s’il existe qui préfère le voyage d’étreintes surprenantes à la misère sexuelle de la terreur banale et du spectaculaire.
A celui s’il existe qui ne collectionne pas les femmes comme autant de trophées à sa virilité. Qui n’épinglera pas l’intrusion de mon corps dans son tableau de chasse de femmes mises à mort.
A celui qui sait que les corps exultent loin des pantalonnades voyeuristes. Qui ose les sentiers érectiles de la carte du corps.
A celui s’il existe qui ose les sentiments, quoi de plus subversif à l’ère du fascisme sexuel que de transgresser les transgressions conformes ?
A celui s’il existe qui désirera très fort me voir désirante et qui cautionnera que le consentement est idée d’automate.
S’il existe, à celui qui n’a pas peur de ces mots posés sur le sel de sa peau.
A celui s’il existe qui n’aura pas peur de toucher une guerrière, qui se bat pour le tendre, qui se bat contre Lui, dont il est l’exception.
A celui s’il existe ? Je me battrais pour qu’il existe un jour pour les femmes après moi, mes petites dans la gueule, cernée par l’incendie
Comme une lionne assoiffée creusant une rivière.
Solveig Halloin 2017