FEMMES : JUGEONS LES JUGES MISOGYNES

FEMMES : JUGEONS LES JUGES MISOGYNES.
Un jugement arrête un ressenti, arrête une idée. Pour les peuples victimes de la violence des dominants, la capacité de jugement ainsi que sa volonté est une question de survie. « Ne pas juger » est donc une injonction des oppresseurs pour empêcher aux persécuté.es la possibilité de se défendre. »Évaluer la valeur de quelqu’un, de quelque chose selon certains critères afin de les classer, de décider à leur sujet  » constitue l’acte de juger. Comment les oppressé.es peuvent-ils faire l’économie de cette évaluation ? Comment se fait-il que le plus grand poncif d’une discussion soit cette précaution ou ce reproche « Je ne juge pas » ou  » Tu juges !« ou « Ne me juge pas ! » ? La situation d’oppression étant hiérarchique et souvent binaire, ôter le droit à l’infériorisé.e d’évaluer négativement le persécuteur c’est obligatoirement empêcher une insurrection de la victime. Avant de pouvoir se battre contre l’injustice il faut bien pouvoir l’identifier conceptuellement, la nommer comme injustice. Aucun sursaut de dignité individuelle -et à plus forte raison de combat politique collectif- n’est envisageable sans sortir de l’indistinct. Une lutte contre l’injuste doit avoir comme position existentielle préalable le courage d’un positionnement à l’intérieur d’un diagnostic. La lutte sort du descriptif et accède au propos. La lutte fait face à la matérialité du réel. L’oppression vit de discours sur sa violence pour la teindre en velours. Il faut percer le discours qui voile la réalité criante des violences. Il ne faut pas retourner contre soi la sensation de la gifle, tendre l’autre joue est irresponsable , il faut contre-attaquer. Oui, il faut : c’est un impératif moral que doit l’oppressée à l’oppression.


L’oppresseur a-t-il besoin du jugement ? Non, car c’est le jugement lui-même qui prédispose l’oppression, qui établit l’oppression. Le jugement des opprimées est réactif à un jugement préalable invisible et naturalisé – comme toujours. Le jugement des hommes sur les femmes s’appelle MISOGYNIE. Le jugement des victimes sur leurs bourreaux est une condition sine qua non de la légitime défense dont dépend leur survies. Voilà pourquoi les propagandes patriarcales agitent « pardon » et « développement personnel« , le Dieu, le Psy , le Coach, le Consultant, arrivent à la rescousse pour symétriser les relations éthiquement asymétriques. Le « pardon » laisse l’oppresseur en impunité concrète, l’individualisation d’une violence subit dépolitise son origine et crée sa pérennité, l’apprentissage des procédés manipulatoires du « coaching » fait oublier les manipulations systémiques ,le gros œuvre des sociétés perverses patriarcales; et les « consultants » viennent superviser et renforcer les procédés pervers en perversions supplémentaires. Pour savoir où le jugement négatif doit s’exercer il suffit de regarder qui s’enrichit de la souffrance des victimes. La patriarquie libérale a BESOIN de victimes et BESOIN D’UN DISCOURS QUI CACHE CETTE NÉCESSITE. La patriarquie religieuse exacerbe par la décomplexion dogmatique de la parole révélée la misogynie comme morale . Les religieux font de l’immoral une moralité . Les religieux font du sexisme leur éthique. Le Jugement de Dieu c’est le fémicide, l’infanticide et le zoocide.


La société dominante, le mâle dominant, a même institutionnaliser SON jugement dans le Droit et ses appareils étatiques : le JUGE incarne le Jugement et il faudrait que l’opprimée dépossédée de toute structure de défense , de toute organisation de protection se voit interdite à la source l’autorisation morale au jugement ? Les femmes devraient être interloquées dès l’Idée de l’oppresseur ? Où se situe la rigidité intellectuelle, la pauvreté empathique quand une organisation planétaire entière carbure à la haine des femmes , des enfants et des zoonimaux ? Refuser de juger les hommes c’est admettre le gynocide en cours. Il sévit actuellement un relativisme moral qui empêche le sursaut de dignité des femmes. Entrer en culpabilité dès que l’insoumission pointe sa verve , c’est sceller les chaines des petites filles. Accepter rationnellement que la méchanceté existe dans la classe des dominants masculins est une conviction étayée par les faits. Se réfugier dans la croyance d’un état « naturellement bon » ou « naturellement mauvais » dans l’espèce humaine indistinctement de l’oppression sexuelle qui sévit orchestrée par les hommes c’est privilégier une hypothèse théorique à la réalité du sang.Il n’y a pas d’éthique sans jugements, alors pourquoi brandir la pertinence de l’idée d’éthique en en empêchant la pratique au sujet de monsieur tout le monde ? La réponse est aussi effrayante que la domination masculine : parce que seuls les dominants se sont octroyer le droit au jugement. Il est fondamental au patriarcat de nous priver moralement du droit à évaluer leur domination, car sitôt évaluée nous pourrions décider de la renverser. La prolixité psychologiste verbeuse ainsi que les fables infinies de l’après monde des religions sont les cornes d’abondances où puisent les propagandes idéologiques des oppresseurs. L’inconscient et le magique sont des terres imaginaires où peuvent s’exercer à l’infini le dogmatisme réel des tyrans. Leur misogynie est légitimée par externalisation dans la Vérité transcendantale et /ou par internalisation dans la psyché sexisée.Toute violence a son discours. Ils ont mis le discours de leur violence dans nos têtes et se sont victimisés en brandissant notre culpabilité si d’aventure nous évaluons l’injustice. D’où il ressort que le jugement des femmes sur les oppresseurs est un devoir moral pour pulvériser leur domination qui nous veut forcloses, absentes à nos souffrances, dissociées de nous- même .


Ils nous veulent cyniques de la miséricorde, soyons les amazones de la dignité pour nous-même, par nous-même: JUGEONS – LES.


Solveig HALLOIN ,
19 août 2017