
La langue est invention néologique perpétuelle puisque c’est une matière vivante donc mouvante. La langue est politique. D’où il ressort que pour changer une politique violente il faut cesser d’utiliser le lexique actif qui camoufle la violence et inventer le lexique qui déconceptualise et reconceptualise, qui dénomme et nomme pour la première fois un impensé du réel. Et dans le même temps, restituer aux victimes exclues du champ de la considération les mots existants accordés aux oppressions déjà admises.
« Toute révolution devrait passer par une réforme du dictionnaire » disait Hugo, seulement voilà le dictionnaire n’a jamais cessé d’être le dicktionnaire : à savoir que la reconnaissance des mots est une entreprise historiquement masculine et que le « petit Robert » est effectivement un manifeste masculiniste. Sortir de l’androlecte qui invisibilise, dénigre et déteste ce qui n’est pas phallique, voilà l’enjeu. Heureusement, la langue c’est l’usage et nul besoin de la validation de papa pour dire la violence de papa.
L’invention lexicale est une nécessité de justice pour sortir du statu quo gynocidaire, pédocidaire et zoocidaire. Et à toute lutte nouvelle correspond l’indispensable créativité lexicale pour nommer ce qui était caché. Chaque mot est un discours politique. Prenons le mot « élevage » et préférons lui naixtermination pour nommer ce dont il s’agit : une extermination cyclique par les naissances sans volonté d’extinction mais par zoolocauste perpétuel causant extinction eugéniste bien réelle des races dans les espèces et des espèces. Zoocide faisant écocide faisant zoocide. L’élevage est un nesclavage des chairs qui n’élève personne mais enlève les enfants à leur mère empêchée de pouvoir les élever.
Le premier pouvoir est le POUVOIR DE NOMMER. Le lexique avant le discours est un propos. Et l’absence de mot pour dire un réel est un summum d’efficacité pour faire disparaître la perception de ce réel. Le regard ne voit que ce que le mot montre. Nous pouvons ainsi être devant un spectacle de terreur sans la voir tant le sous-titre conceptuel trompe la capacité à voir ce que l’on voit : pornoprostitution, corrida, viande sont les spectacles impensables nommés de façon méliorative : spectacle de torture génitale féminine, spectacle de la torture d’un taureau et vache assassinée dépecée morcelée sont le lexique qui dit ce que l’on voit.
Autre cas contemporain édifiant : l’androppresseur coupable de dictature par apartheid sexiste n’apparaît dans aucun référencement lexical Google : « VOILEUR », AUCUN voileur n’apparaît : le MOT n’existe même pas pour désigner CEUX qui voilent. Le mot “VOILÉE” a en revanche des MILLIERS d’occurrences. L’oppresseur n’est même pas nommé, comment pouvons-nous combattre ce qui n’a ni nom donc ni visage ? Les voileurs font disparaître les femmes et ils ne sont pas désignés comme voilant ! Les victimes sont sans bourreaux quand l’injonction au voilement est bien masculine.
De même pour les référents absents du plus grand génocide de tous les temps. Iels sont assassiné·es par milliards parce qu’iels n’apparaissent pas dans la langue. Le zoolocauste est possible parce qu’il n’existe pas dans l’usage articulé de la langue humaine. Il NOUS FAUT LES MOTS QUI DISENT LA CONDITION ZOONIMALE INNOMMÉE POUR PASSER AUX ACTES DE RÉSISTANCE.
LES ZOOTRES…
Les zoonimaux sont le référent absent de la « viande« , ils sont zoophagisés avant que d’apparaître Existant·e.
Un “bœuf“ n’existe pas dans un pré car c’est le nom du corps réifié d’une vache ou d’un taureau. Et comme si cela ne suffisait pas il faudrait continuer de les exclure du champ lexical qui nomme les persécutions qu’iels subissent. L’indignation sélective qui s’offusque des termes de « viol« , « esclavage » et « holocauste« , en plus d’être ignorante de l’Histoire des victimes, cache en fait une volonté humaniste – c’est à dire suprématiste – d’évincer les zoonimaux conceptuellement des violences répertoriées. Cette bataille sur le monopole du vocabulaire est une énième volonté d’invisibilisation des zoonimaux nexerminés par l’humanimâle. Que les vaches soient violées industriellement n’ôte rien au drame des viols que moi femelle humaine j’ai subi. Exciter les rivalités entre opprimé·es est une arme des oppresseurs. Le vécu de l’oppression offre la possibilité d’élargir le cercle empathique à toustes les classes oppressé·es quelles qu’elleux soient et sans jamais en faire identité. La revendication identitaire n’est que l’intériorisation du stigmate dénigrant de l’oppresseur. Les tentatives d’OPA sur les mots de la langue sont révélatrices de pensées sclérosées et dogmatiques. Comment parler de la persécution des zoonimaux de cirque sans employer le terme requis d’esclavage ??? Autant dire qu’il faut taire la violence faite aux zoonimaux, autant dire qu’il faut taire les zoonimaux, autant dire qu’il ne faut rien faire et maintenir le suprématisme humain et sa mizoonie. En revanche, et là se trouve un enjeu d’efficacité de lutte considérable, à chaque fois que nous sommes face à un type de persécution animale qui n’a pas d’existence historique ou actuelle chez l’animal humain nous avons le DEVOIR de nommer le mal dont il est question : sans nommer cette réalité nous ne pourrons la combattre. Nommons donc le mâle, car le spécisme est androcrate, l’élevage est une invention de la domination masculine, de la domestication masculine. Toute lutte de justice introduit un vocabulaire qui fait émerger la violence dans le champ de la conscience, et toute lutte de justice nomme également l’oppresseur. Sans ces deux prérequis la résistance aux souffrances infligées n’a pas commencé. Il n’y a pas d’équivalent dans les violences humaines d’industries planétaires du permazoolocauste, aussi nous devons forger les mots qui disent l’indicible : nolocauste, naixtermination, nesclavage, nexploitation, violne, etc. Étant entendu, à titre d’exemple, que le zoocide est un génocide. Il ne s’agit pas de soustraire des mots de la langue pour faire propriété d’oppression mais au contraire d’augmenter le champ symbolique du signifié pour faire apparaître l’ampleur impensée de leur catastrophe. Faire de leurs maux des mots, de leur chair une parole pour tenter de les sortir enfin du chaos.
L’indignation des humanocrates opprimé·es sur l’analogie zoonimale est enfin d’une obscénité criante car elle dissimule que la condition zoonimale échappe en nombre et en niveau de persécutions à tout ce que le peuple animal humain a pu connaître. S’il ne s’agit pas de hiérarchiser les souffrances, il s’agit en revanche de prioriser les luttes par cohérence éthique et afin de tarir le NOMBRE de victimes. Abolir la zoophagie c’est s’attaquer à un crime légitimé, légalisé, moralisé, donc normalisé. Il s’agit donc de soulever le voile devant les yeux de la conscience pour faire apparaître le réel sans les termes euphémisants, inversés, spécistes, usités par les avaleurs d’holocauste. Il n’y a pas de lutte juste sans les mots justes de luttes, seuls les mots justes mènent aux gestes justes. Les guerres sont toujours une guerre des mots. Ne nous laissons pas, animalistes, être dépossédés de nos munitions de lutte. Comment dire l’indicible de la condition zoonimale ? La fin de la langue doit trouver les mots pour la retrouver et faire éclore le droit aux langages des zootres : l’espoir du sens. Un immense chantier linguistique doit s’ouvrir pour sortir les victimes du lexique de l’oppresseur qui les maintient forclos dans les mots invisibilisant leurs existences. Pour combattre le système naixterminateur il faut séparer la naixtermination de la végéculture : ces deux pratiques contenues dans le terme “agriculture”, il faut affirmer que les zoonimaux “sauvages” n’ont jamais existé mais qu’ils sont les zoonimaux LIBRES de la domestication et de la nexploitation humanimale. Il faut les sortir des génériques OGM pour dénoncer le scandale civilisationnel des AGM : Animaux Génétiquement Mutantisés. On s’y met quand massivement à libérer les camps de viols et d’engraissement, à ouvrir les camps des tueries pour fermer les abattoirs du système humaniste, à détruire les camps de torture eugéniste où se programme la production de victimes ?
« Élevage » ??? NESCLAVAGE : cette pratique qui sature le concept d’esclavage, cet esclavage des naissances… “Éleveurs” ??? ENLEVEURS, professionnels de l’enlèvement d’enfants, VIOLANT inséminatueur.
VIOL, ESCLAVAGE, HOLOCAUSTE : ces maux que les néospécistes confisquent dans les mots. Un système d’oppression commence toujours par imposer son vocabulaire et par rejeter ce qui dévoile sa violence, TOUJOURS. Ainsi le totalitarisme humaniste interdit littéralement l’emploie de ces 3 termes pour mentionner les crimes qui correspondent à leurs appellations respectives. Derrière ces interdits lexicaux se cache un enjeu considérable pour la lutte animaliste car l’analogie est un outil pédagogique des plus efficace pour concerner sur une population persécutée quand on lui a retiré le droit de citer dans le champ conceptuel de la considération. Ces 3 mots sont de la dynamite pour l’ordre spéciste si ils étaient enfin utilisés pour les zootres, car derrière chacun se niche les autres oppressions systémiques planétaires.
VIOL : l’oppression sexiste patriarcale.
ESCLAVAGE : l’oppression raciste patriarcale.
HOLOCAUSTE : l’oppression antisémite patriarcale.
Seulement voilà, il se trouve que l’impensée condition zoonimale cumule toutes les persécutions répertoriées historiquement et géographiquement dans l’espèce humaine. Et c’est précisément cette barbarie ultime que les néospécistes veulent taire car le niveau de violence exercé actuellement par l’humanimal sur les zoonimaux fait exploser l’éthique et leurs palabres relativistes des échelles de gravité des oppressions. Pourquoi un tel acharnement à vouloir taire ces persécutions ? Parce que les enjeux sont considérables : euphémiser l’impensable degré de persécution exercée sur les peuples zoonimaux. Invisibiliser les principaux coupables et faire ainsi l’économie de l’adversité inéluctable à la lutte de résistance animaliste. Taire les principaux ennemis, zooppresseurs, sexeurs, androppresseurs, nexterminateurs, nexploiteurs, zootortionnaires, engrosseurs, violeurs, zesclavagistes, zoocideurs, zoocriminels etc. Interdire la dénonciation par analogie pour les persécutions zoonimales ne peut relever que d’un spécisme caractérisé. Toutes les luttes de justice s’appuient sur des analogies historiques et géographiques. Les analogies n’ont jamais nié les différences, comparaison n’est pas superposition.
Andocratie : système mondial actuel dans lequel les hommes détiennent tous les pouvoirs.
Androlecte : langage prétendument universel mais en fait fabriqué par les hommes et pour les hommes.
Animaux : ensemble des zoonimaux et des humanimaux.
Génocriminalité : crime génétique.
Humanimal : animal humain de l’espèce sapiens sapiens.
Mizoonie : du grec « misos », haine, et « zôon », animal : haine des zoonimaux.
Nesclaves : esclaves de chair que les nesclavagistes ont fait naître pour assassiner.
Nesclavage : système d’esclavage où la naissance des esclaves est programmée en vue de leurs assassinats.
Nesclavagiste : esclavagiste qui programme les naissances d’esclaves par eugénisme et viols pour spoliation puis exécution des zesclaves.
Naixtermination : faire naître pour exterminer de façon perpétuelle.
Nolocauste : holocauste par ingérence nataliste. Holocauste perpétuel des zoonimaux par ingérence sur la procréation pour faire reproduction de robots de chairs dans un holocauste perpétuel. Les usines à meurtres sont les camps de persécutions d’engraissement, de lactation et d’oviparité. Les corps sont des usines à produire de la viande, du lait et des œufs, du cuir, de la laine, des plumes, etc. dans des camps de concentration. (Natolocauste)
Permazoocide : zoocide perpétuel, systémisation des naissances dans le but de tuer. “L’élevage” est un permazoocide.
Prizoonnier·es : prisonnier·es zoonimaux.
Violne : viol pour naissance. Pénétration du corps des zootres par les violeurs nesclavagistes.
Zoocide : Génocide zoonimal.
Zoocriminels : criminel des zootres.
Zoophage : mangeur de zoonimaux.
Zooppresseurs : oppresseurs des zoonimaux.
Zoopprimé·e : zoonimal opprimé·e.
Zoolocauste : holocauste des zoonimaux. Zoocide industriel des zoonimaux par le feu. Les fours étant répartis loin des camps de tueries.
Zootres : autres animaux que l’humanimal.
Zoocide : génocide zoonimal.
Zoostiles : hostile aux zoonimaux.
Zoonimaux : toutes les espèces animales sauf le sapiens sapiens.
Zoophagie : action de manger les zootres, les zoonimaux.
Un bon néologisme se comprend sans définition et s’entend à l’oral, il n’y a rien d’élitiste dans la créativité politique lexicale. A chaque fois que l’usage d’un néologisme animaliste est reproché c’est ce que dévoile ce mot nouveau qui veut être tué. Encore. Car jamais le reproche élitiste n’est fait à la novlangue patriarcalocapitalistospéciste…
Pour faire disparaître l’”élevage” il faut taire son mot et faire apparaître son mâle : NESCLAVAGE.
Pour faire disparaître la disparition zoonimale, il faut taire l’effroi de la “production animale” qui entérine qu’autrui puisse être un produit et faire apparaître son mâle : ZOOLOCAUSTE.
Nul doute qu’abolir le zoolocauste sera plus aisé que d’abolir l’”élevage”…
Petite poule oubliée de l’oubli au fin fond des cages en cage…
ZOOPPARITION !
Solveig HALLOIN, 29 janvier 2019