
Accroupi·es dans la merde des camps d’engraissement, nous avons entendu le silence des condamné·es à mort, le glouglou des holocausté·es en sursis d’égorgement, nous avons vu le regard hébété des ombres blanches, les visages survivants des hangars de merde.
Les dindes et dindons concentré·es en prison, serré·es, entassé·es, étouffent de la proximité des autres.
Le climat est irréel parmi ces milliers d’individu·es oublié·es dans les cages géantes des campagnes du Monde.
Nous avons respiré la mort puante des cadavres décomposés, les fantômes piétinent leurs compagnons de cellules.
Nous avons regardé dans la face le désastre de l’industrie zoocide.
La dentelle de leurs expressions, la tristesse de leurs plumes tartinées de fiente, la lenteur sublime de leur déplacements, leurs intérêts subtils à découvrir les intrus que nous étions…
Elles ne connaissent que digestion puisque leur devoir d’esclave de chair est de manger, manger, manger pour être dévorées. Elles ne se sont pas intéressées aux végétaux qu’elles aiment quand elles vivent libres, elles ont ignoré le buffet, trop loin déjà pour pouvoir goûter au sol de la vie, elles qui ne savent pas que les saisons existent…
Nous sommes le 24 décembre 2018 et à l’heure où vous les voyez en vidéo, vous êtes attablé·es en train de dévorer leurs émotions, demain vous déféquerez leur sensation et après demain vous recommencerez…
Et ce crime insignifié vous est dicté par une idéologie nommée religion. Ce sacrifice est ritualisé en fête cannibale chrétienne.
L’agnus dei pour laver les pêchés du monde ?
L’agnus n’est pas dei. L’agneau n’est pas création de dieu, ce pantin imaginaire gesticulé pas les hommes, les agneaux n’appartiennent pas aux hommes, les agneaux ne doivent donc pas être sacrifiés une seconde fois pour combler leur déjà meurtres.
Le créationnisme est l’idéologie du délire théiste, autrement nommé « religion ». Darwin, hérétique parce qu’éthique, animaliste, écrivit logiquement « L’origine des espèces » et « Pour en finir avec dieu » car le réel biologique ne peut cohabiter avec le mensonge de la foi. Parce que l’Espèce n’existe pas, il n’y a que continuum de mutations. Nous ne devons tuer les poissons du filet car tous les existant·es du cosmos sont les mailles d’un même filet. Notre interdépendance est une nécessité pratique à nous laisser vivre. La linguistique humaine catégorise le cosmos et les hommes valident ses catégories contingentes plus que le joyeux désordre inclassable variable.
L’humanisme ne se revendique pas d’espèce supérieure, il ne pense pas à se naturaliser pour justifier l’arbitraire de son suprématisme, il se prend réellement pour le CENTRE EXCEPTIONNEL du monde, vampirise celleux qui gravitent autour de son nombril, celleux qui ne pénètrent pas le champ de sa considération. Les zootres sont le référent absent de sa pensée orgueilleuse. L’androppresseur est le seul animal à s’extraire de l’animalité et à faire semblant de croire à un dieu spéciste. Il lui faut cette rupture métaphysique pour camoufler sa haine d’être physique : en persécutant les zoonimaux, il se fait croire à une toute puissance, il se veut dieu et sa tyrannie fait holocauste. L’entre-soi masculin du Père, du Fils et du Saint-Esprit ne peut produire que ce même clonage. Le dogme de la Trinité chrétienne n’est qu’une phallucieuse imposture redoublée par son étude théologique. L’androcratie mène le monde dans le mâle industriel identique répétitif, les différences des altérités le menace, alors il assassine par milliards, et en maître esclavagiste de la procréation : pour le faire à perpétuité. Le cycle du zoolocauste permanent par intervention sur les naissances lui confère l’immortalité de dieu, ce père fouettard, projection grossie de sa minuscule dimension d’éleveur cannibale mortel.
« L’humanisme, qui me paraît un concept beaucoup plus éloquent que celui de spécisme, est le fruit de ce finalisme anthropocentrique que les religions monothéistes n’ont fait que renforcer. Et lorsqu’il se laïcise, l’humanisme met l’homme à la place de dieu, de sorte que sa suprématie demeure intacte. Telle est la violence de l’humanisme. »
Florence Burgat
Pour les zoonimaux, l’humanisme qui pose l’espèce humaine comme en dehors d’une spécisation, ou le déisme inventé par l’humanisme qui pose la même acorporation justifiée par la transcendance, revient au même. L’évaluation du carnage-hécatombe doit se faire par décentrage de l’humain·e, par attention aux victimes, par la fin de l’humanisme qui n’a jamais cessé d’être -de fait- l’andropocentrisme et par le renversement de cette classe androcrate zooppressive.
À l’état libre les dindes, dindons et autres indéterminé·es de l’anatomie, vivent dans les forêts, bois et marais.
Ielles aiment se percher le plus haut possible dans les arbres…
A vous qui avez hérissées vos plumes quand nous sommes reparti·es impuissant·es à pouvoir toutes vous sauver…
Nous nous battrons jusqu’au bout de nos forces,
et puisque vous n’avez pas de tombes, nous irons cracher dans les plats,
et pour l’abolition des fours à rôtir la sensibilité.
Renversons la matrice idéologique du spécisme, renversons les fictions masculines qui justifient le zoocide par la volonté divine.
Les zoopresseurs inventent un tiers transcendant pour moraliser le génocide de nos alter ego, renversons leur stratagème politique pervers !
Ne laissons pas les fictions obscurantistes légitimer l’assassinat alimentaire !
L’athéisme offensif est animaliste !
Le récit créationniste est un manifeste génocidaire de tout ce qui n’est pas mâle humain !
Leur farce tue les dindons !
L’abolition de l’esclavage procréatif par nolocauste dénonce l’idéologie dictatoriale humanisto-déiste qui moralise la barbarie.
Sortons des dogmes androproclamés, des privilèges masculins autoréférents !
La condition zoonimale est forclose dans des croyances qui font des camps de la mort !
Faisons exploser le Droit qui encadre l’injustice !
Manger les dindes ou manger AVEC les dindes : ce n’est pas une question !
Réveillon Nous !
Solveig Halloin, 13 décembre 2018
